Qays b. Saâd

 

Qays b. Saâd était encore très jeune et les Ansar disaient de lui: «Si nous pouvions nous procurer une barbe pour Qays, nous l'achèterions même au prix fort!» Ils disaient cela parce qu'ils le jugeaient pétri de qualités exceptionnelles et ils le considéraient comme un de leurs dirigeants, malgré son jeune âge.

Ce jeune homme encore imberbe, que les siens l'élevaient au plus haut rang, est le fils de Saâd b. Oubada. Il appartenait à une maison très réputée pour sa générosité, si bien que le Messager (ç) avait dit d'elle: «La générosité est la qualité innée des gens de cette maison.»

En outre, il était doué d'une très grande ruse et d'une très grande intelligence. Après sa conversion, il avait dit: «Si ce n'était l'Islam, je manigancerais un stratagème dont les Arabes seront incapables.»

Lors de la bataille de Siffin, il était aux côtés de l'imam Ali et il avait dit: «Par Dieu, si Mouâwiya arrive à nous battre, il ne nous aura pas battu avec son intelligence mais grâce à notre piété et notre crainte de Dieu!» Il avait dit ce propos après avoir demandé pardon à Dieu, suite à sa reflexion sur un stratagème capable d'éradiquer à jamais Mouawiya et son armée: il s'était rappelé le verset coranique Et l'astuce mauvaise n'assiège que les siens (s. 35, v. 43).

Quand Saâd b. Oubada devint musulman, il emmena son fils Qays au Messager (ç), à qui il dit: «Voici ton serviteur, ô Messager de Dieu.» Le Messager (ç) rapporcha Qays de lui, depuis ce jour-là, si bien qu'il devint son compagnon de tous les jours. A ce propos, Anas b. Malik dira: «Vis-à-vis du Prophète (ç), Qays b. Saâd occupait une place semblable à celle que le chef de police occupe près de l'émir.» En outre, Qays était un digne héritier de la générosité de sa famille. Cette dernière était effectivement réputée pour cette qualité, si bien qu'elle avait mérité ce témoignage: «Qui veut manger la viande, qu'il se dirige vers la maison de Doulaym b. Haritha.» Doulaym est l'arrière grand-père de Qays.

La générosité de Qays ne laissait pas les gens indifférents. Une fois, Abou Bakr et Omar discutèrent du sujet et dirent: «Si on laisse ce jeune à sa générosité, il anéantira les biens de son père.»

Une autre fois, Qays ayant donné un prêt à quelqu'un qui en avait besoin, ce dernier revint à la date convenue pour le lui remettre. Alors, Qays lui dit:  «Nous ne reprenons pas une chose que nous avons donnée.»

Par ailleurs, il était un homme courageux en tous les lieux, avec le Messager (ç) et aussi après la disparition du Messager (ç). Quand le conflit éclata entre l'imam Ali et Mouâwiya, il se rangea, sans aucune hésitation et avec conviction, au côté de l'imam, parce qu'il voyait clairement que ce dernier était dans son droit. Aussi, dans les batailles de Siffin, du Chameau, de Nahrawan, il était le porte-étendard des Ansar.

En outre, avant que ce conflit n'éclatât, l'imam Ali le nomma gouverneur d'Egypte puis le rappela auprès lui, suite aux machinations de Mouâwiya. Cela ne l'affecta nullement, au contraire, il confirma encore plus son allégeance à l'imam.

Le courage de Qays fut plus éclatant après l'assassinat de l'imam Ali et l'allégeance prêtée à al Hassan (r). Convaincu que l'imamat revenait de droit à al-Hassan, il lui prêta allégeance et le soutint, sans attacher de l'importance aux dangers.

Puis, quand Mouâwiya les poussa à prendre les armes, Qays mobilisa 5000 combattants qui s'étaient rasé les cheveux en signe de deuil à la mort de l'imam. Mais, al-Hasan jugea que le sang des musulmans avait trop coulé et alla prêter allégeance à Mouawiya. Alors, Qays obéit au choix d'al-Hasan et cessa son mouvement, parce qu'il était toujours respectueux du droit et de la légalité. Et, en l'an 59, il s'éteignit à Médine. Il était mort, l'homme qui disait: «Sûr que je serai le plus fourbe de cette communauté, si je n'avais pas entendu le Messager (ç) dire: «La fourberie et la déloyauté iront au Feu.»



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