Khalid b. al-Walid

 

Khalid b. al-Walid est ce soldat-là qui avait mis en déroute les musulmans dans la bataille d'Ouhoud puis, plus tard, les ennemis de l'Islam dans ses autres batailles.

Mais, selon lui, sa vraie vie commença avant la conquête de la Mecque, précisément quand son cœur s'ouvrit à l'Islam. Ainsi, après avoir mûrement médité et réfléchi sur la vérité de la religion nouvelle, il se dit: «L'homme est vraiment un envoyé (...). Par Dieu, je m'en vais (à Médine) et je déclarerai ma soumission à Dieu!»

Écoutons-le raconter son périple de la Mecque à Médine: «J'ai bien aimé trouver un compagnon de route. Puis, j'ai rencontré Outhmane b. Talha et je lui ai raconté mon projet. Il a vite répondu positivement. Alors, nous sommes sortis à la pointe du jour. Quand nous sommes arrivés à la plaine, nous avons rencontré Amr b. al-As. Il nous a salués. Nous aussi. Puis, il nous a dit: «Où allez-vous?» Nous l'avons mis au courant de notre destination. Il nous a dit qu'il allait aussi trouver le Prophète (ç), pour déclarer sa soumission à Dieu.

Nous avons repris ensemble le chemin, si bien que nous sommes arrivés à Médine le 1er Safar de l'an 08. Quand j'ai vu le Messager (ç), je l'ai salué en insistant sur son caractère de prophète. Il m'a rendu le salut avec un visage souriant. Puis, j'ai déclaré ma soumission à Dieu et j'ai attesté l'attestation du Vrai. Le Messager (ç) m'a dit ensuite: «Je savais que tu es doté de sagesse et j'ai espéré qu'elle ne te mènera qu'à du bien.» J'ai prêté allégeance au Messager de Dieu puis j'ai dit: «Demande-moi pardon pour ce j'ai fait contre la cause de Dieu.» Il a dit: «L'Islam comme (p. 229) ce qui a été avant lui.» J'ai dit: «0 Messager de Dieu, fais-moi cette demande.» Il a dit: «Dieu! pardonne à Khalid b. al-Walid ce qu'il a fait contre ta cause»

Ensuite, Amr b. al-As et Outhmane b. Talha se sont avancés, pour déclarer leur soumission à Dieu et prêter allégeance au Messager de Dieu.»

Vous vous rappelez sûrement de la bataille de Mouta, ainsi que des trois émirs tombés en martyr, et du hadith du Prophète (ç): «Zayd b. Haritha a tenu l'étendard et il a combattu, ensuite il est tombé en martyr; puis Jâfar a pris l'étendard et il a combattu, ensuite il est tombé en martyr; puis Abdallah b. Rawaha a pris l'étendard et il a combattu, ensuite il est tombé en martyr.» Eh bien! ce hadith a sa suite qui dit: «Puis, un sabre d'entre les sabres de Dieu a pris l'étendard, puis par lui Dieu a donné l'ouverture.»

Qui était donc ce héros qui avait réussi de sauver l'armée musulmane d'une défaite certaine?

Eh bien! c'était Khalid b. al-Walid, Lorsque le dernier émir fut tué, Thabit b. Arqam fit vite de prendre l'étendard, dans le seul but d'éviter la confusion dans les rangs musulmans. Puis, aussitôt, il se dirigea vers Khalid b. al-Walid et lui dit: «Prends l'étendard, Abou Souleymane» Khalid, qui n'était ni un Mouhajir ni un Ansarite, dit: «Non, je ne prends pas l'étendard. Toi, tu as plus de droit pour le porter... Tu es un Badrite.» Thabit dit aussitôt: «Prends-le! tu sais diriger les combats mieux que moi. Par Dieu, je ne l'ai pris que pour toi» Puis, il s'adressa aux musulmans: «Acceptez-vous le commandement de Khalid?» Ils dirent: «Oui.»

Khalid b. al-Walid prit alors l'étendard et s'attela vite à la réorganisation des troupes musulmanes, pour forcer une percée et se retirer du champ de bataille. Car, l'issue de la bataille était en faveur des Byzantins et les pertes importantes dans les rangs musulmans. Il répartit les combattants en groupes, alors que la bataille suivait son cours, définit la tâche de chaque groupe, mena intelligemment les opérations sur le terrain, de telle sorte qu'il réussit à créer une brèche par laquelle l'armée musulmane se retira.

En un autre temps, quand les polythéistes Quraychites violèrent l'accord d'al-Houdaybiyya, le Messager (ç) marcha avec son armée sur la Mecque, où il fit une entrée triomphale: Khalid b. al-Walid était dans cette armée-là en tant que commandant du flanc droit.

Plus tard, après la disparition du Prophète (ç) et la désignation de son khalife Abou Bakr, Khalid resta toujours fidèle à sa foi et à son poste, malgré les nombreux troubles provoqués par les renégats.

Il est vrai, après la mort du Prophète (ç), que les renégats firent leur apparition dans les tribus de Ghatafan, Asd, Abs, Tay, Dhabayan, Hawazin, Soulaym, etc. Et il est aussi vrai que le khalife Abou Bakr dirigea en personne des expéditions victorieuses contre ces renégats-lâ.

Mais, dès qu'Abou Bakr s'apprêta à sortir de nouveau à la tête de l'armée musulmane, contre une nouvelle coalition de renégats qui s'était constitué, l'imam Ali lui barra le chemin en retenant par les rênes le chameau qu'il montait et lui dit: «Où vas-tu, ô khalife du Messager de Dieu? Eh bien! je vais te dire ce que le Messager de Dieu t'a dit à Badr. 0 Abou Bakr, garde ton sabre dans son fourreau. Ne nous afflige pas par ta perte»

Abou Bakr se plia à l'avis unanime des musulmans, en restant à Médine. Mais, avant cela, il répartit l'armée en onze détachements et définit la mission de chaque détachement, après avoir désigné leurs émirs. Khalid était à la tête d'un de ces détachements.

Khalid b. al-Walid s'en alla évidemment avec son armée vers l'objectif défini. Par la suite, il mena ses troupes de bataille en bataille et de victoire en victoire. Dans le pays d'al-Yamama d'abord, Khalid battit à plate couture les Banou Hanifa qui avaient auparavant constitué avec leurs alliés la coalition la plus dangereuse des renégats.

Ensuite, il reçut ordre de se diriger vers les frontières irakiennes. Là, il commença sa mission pas l'envoi de missives aux gouverneurs perses des régions irakiennes, les appelant à accepter ses propositions. Mais, comme les réponses furent négatives, et que les Perses se mirent à mobiliser leurs troupes, il ne perdit pas son temps. Il lança ses soldats dans de successives et victorieuses batailles contre al-Oubla, as-Sadir, anNajaf, al-Hira, al-Anbar, al-Kadhimiya, et il continua ainsi jusqu'aux limites de la Syrie.

L'émergence de l'Islam en tant que force régionale ayant vaincu l'empire perse, en Irak, fit trembler les Byzantins. Ces derniers décidèrent alors de réagir vite. Mais Abou Bakr était beaucoup plus rapide. Il prit l'initiative d'envoyer sur le front byzantin une armée, à la tête de laquelle il désigna Oubayda b. al-Jarrah, Amr b. al-As, Yazid b. Abou Soufyan et Mouâwiya b. Abou Soufyan.

Ayant reçu par la suite un rapport alarmant sur la situation du front, Abou Bakr envoya à Khalid l'ordre de regagner l'armée musulmane et de la diriger dans la bataille. Ce dernier fit vite d'obéir. Il laissa la gestion des affaires d'Irak à al-Mouthana b. Haritha et partit à la tête d'une armée.

Quand il arriva au camp musulman, il organisa l'armée et coordonna son corps en un temps très court, à la lumière de l'expérience qu'il avait acquise avec les Perses. L'organisation militaire de ces derniers n'était pas très différente de celle des Byzantins. Puis, il lança les combattants musulmans sur le champ de bataille. Ils combattirent vaillamment jusqu'à la victoire.

En outre, il est vrai que, durant les hostilités, une missive arriva de la part du nouveau khalife Omar, informant de la mort d'Abou Bakr et du remplacement de Khalid par Abou Oubayda. Mais cela fut tenu secret jusqu'à la fin de la bataille, pour ne pas perturber les combattants.

En agissant ainsi, le nouveau khalife Omar b. al Khattab jugeait que Khalid avait le sabre trop rapide. Bien avant d'accéder au pouvoir, il avait proposé à Abou Bakr de destituer Khalid de son poste d'émir, à la suite de la mort violente de Malik b. Nouwayra. Toutefois, Omar estimait bien Khalid. Pour preuve, le témoignage qu'il laissa à la mort de ce dernier: «Les femmes sont incapables de donner naissance à quelqu'un comme Khalid.»

Sur son lit de mort, Khalid b. Al-walid confia le secret qu'il convoitait tant depuis qu'il avait embrassé l'Islam. Durant sa vie de militant de la cause musulmane, il désira ardemment être tué en combattant sur le chemin de Dieu: «J'ai fait tant de batailles, avait-il dit avant de mourir, et il n'y a pas d'endroit dans mon corps qui n'ait reçu un coup de sabre ou de flèche. Mais me voilà dans ma couche en train de mourir de mort naturelle comme meurt un chameau.»

En attendant sa mort avec résignation, il dicta son testament. Et qu'est-ce qu'il testa et pour qui? Il testa son cheval et ses armes à Omar b. al-Khattab. C'était tout ce qu'il possédait. Il n'était pas intéressé par les choses de la vie mondaine. Son seul but consistait toujours à remporter la victoire sur les ennemis du Vrai. Grâce à lui, les musulmans avaient mis fin aux mouvements de renégats, battu les Perses en Irak et les Byzantins en Syrie.

 

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