Outhmane b. Madhoun

 

Dans l'échelle des convertis de la première heure, Outhmane b. Madhoun occupe la quatorzième place. Il fut aussi le premier mouhajir à décéder à Médine et le premier musulman à être inhumé dans le cimetière d'al Baqi. En outre, dès sa conversion à l'Islam, il mena une vie d'ascète jusqu'à sa mort. Il était donc parmi les premiers musulmans qui allaient trouver clandestinement le Prophète (ç) en ce temps-là où l'Islam faisait ses premiers pas. Et comme ses compagnons, il subit aussi l'oppression des polythéistes de Qoraïch.

L'oppression se faisant par la suite plus dure, le Prophète (ç) ordonna à ses compagnons d'aller se réfugier en Abyssinie. Outhmane fut alors l'émir du premier groupe des émigrés. Son fils as-Sâib faisait partie de ce groupe. Dans ce pays africain et chrétien, les musulmans réfugiés purent, dans l'attente d'un prochain retour, se consacrer à leurs rites religieux en toute liberté. Puis, un jour, voilà la nouvelle qui leur parvint de la Mecque, disant que les Quraychites s'étaient convertis et s'étaient prosternés avec le Messager (ç), en signe de soumission à Dieu tout-puissant. Ils prirent leurs affaires et partirent à la Mecque. Arrivés aux environs de la cité, ils se rendirent compte de la fausseté de la nouvelle. Rebrousser chemin ne leur était pas alors possible, puisque les polythéistes mecquois étaient au courant de leur arrivée. Chacun dut chercher une protection, une pratique courante de l'époque. Quelques-uns d'entre eux purent trouver des protecteurs. Celui d’Outhmane b. Madhoun était al-Walid b. al-Moughira, Outhmane put ainsi entrer à la Mecque et y circuler librement sans être menacé ou subir de violence.

Cependant, par la suite, il n'accepta pas sa situation de protégé alors que ses compagnons qui n'avaient pas trouvé de protecteur subissaient les persécutions et les tortures. Il alla alors trouver al-Moughira b. al-Walid, pour lui signifier qu'il refusait sa protection. «Quand Outhmane b. Madhoun vit les compagnons du Messager (ç) qui subissaient les épreuves, alors que lui allait et venait en sécurité grâce à la protection d'al Walid b. al-Moughira, il se dit: «Par Dieu! ma liberté de circuler en sécurité grâce à la protection d'un partisan du polythéisme pendant que mes compagnons, qui sont des adeptes de ma religion, subissent le mal et les épreuves, ma liberté-ci traduit en réalité une grande faiblesse en moi-même.» Puis, il alla trouver al-Walid b. al-Moughira et lui dit: «0 Abdchams, ta protection est arrivée à sa fin, alors je te la remets. Pourquoi, fils de mon frère? dit al-Moughira, est-ce que quelqu’un de mon peuple t'a fait du mal? Non, dit Outhmane, mais je me contente de la protection de Dieu... Allons donc à la Mosquée, et reprends ta protection publiquement comme tu me l'as donnée publiquement.» Tous deux allèrent à la Mosquée, et là, al-Walid dit: «Voilà Outhmane! il vient me remettre la protection que je lui ai accordée!» Outhmane confirma la chose, en ces termes: «Il dit la vérité! Et puis, je l'ai trouvé fidèle et généreux de sa protection. Mais, j'ai aimé ne pas être protégé par quelqu'un d'autre que Dieu» Après quoi, Outhmane se retira et alla prendre place dans une réunion de Quraychites qui étaient en train d'écouter le poète Labid b. Rabiâ. Quand celui-ci dit le vers En dehors de Dieu, toute chose est futile, Outhmane confirma. Mais, quand l'autre dit le vers Quant à tout bien-être, il est périssable, Outhmane dit: «Tu mens. Le bien-être du jardin est impérissable.» Labid dit alors: «Notables de Qoraïch, celui-là qui est assis ne reçoit pas de correction. Depuis quand cela arrive-t-il parmi vous? C'est un stupide qui s'est séparé de notre religion, dit un présent, n'attache pas d'importance à ce qu'il dit.» Outhmane b. Madhoun répondit à l'homme si bien que la situation se dégrada entre eux. Le polythéiste se leva et frappa Outhmane à l'œil. Al-Walid b. al-Moughira qui voyait ce qui arrivait à Outhmane lui dit: «Ton œil était bien à l'abri de cela; tu avais ma garantie qui te protégeait... - Par Dieu, dit Outhmane, mon œil intact brûle d'envie d'être touché comme l'autre, en vue de

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